Premiers instants en tant que maman
Je vous partage ma nouvelle vie
La matrescence
Je savais que le post-partum était un chamboulement intérieur, je le qualifierai même de tsunami. Avec la formation de doula, je dirais même que j’avais pu apercevoir les difficultés qui pouvaient faire partie de cette période. Nouveau rapport à son corps, modifications au sein du couple (le couple devient parents et la relation amoureuse passe au second plan), perturbations du sommeil, apprentissages au quotidien, remaniements organisationnels, perte d’identité et j’en passe. Ce chamboulement, certains lui ont donné un mot : la matrescence. Ce mot serait la contraction des mots « maternité » et « adolescence » et viendrait traduire la transformation induite par l’entrée dans la maternité et causée, entre autres, par l’arrivée de l’enfant et les modifications hormonales par lesquelles la maman en devenir passe. Je disais donc qu’à travers ma formation de doula, j’avais pu apercevoir ce qui constitue le quotidien des jeunes mamans qui, d’après Anna Roy, dure 3 ans. Et, honnêtement, en prenant connaissance du module sur le post-partum au sein de ma formation, je me suis dit qu’il était impossible que les femmes traversent tout cela car sinon : « Pourquoi referaient-elles des enfants ? Pourquoi les couples s’infligeraient-ils tant de douleur ? ».
Le post-partum
Puis, est arrivé mon post-partum. Mars 2024. Accouchement physiologique plutôt respecté (je dis plutôt car on voudrait toujours mieux, toujours plus, quand on connaît parfaitement le fonctionnement de son corps et la physiologie d’un accouchement). Dans tout ce que j’avais lu, un accouchement respecté rendait plus douce l’entrée dans la maternité. Ça a été vrai, pour les 3 premiers jours à la maternité. J’étais bercée par la présence enveloppante du personnel médical. J’ai trouvé ce séjour tellement doux, je l’ai adoré dans toutes ses dimensions (sauf la prise de tension en pleine nuit qui, admettons-le, ne me semblait pas indispensable…). Bref, j’appréhendais énormément cette sortie de la maternité. Et déjà, dans mon ressenti, je me trouvais étrange. En effet, j’avais toujours lu que ce séjour était une corvée, un passage désagréable dans la vie de jeune maman, que rien n’était pensé pour que le duo bébé/maman puisse trouver ses repères. Moi, au contraire, je me suis sentie soutenue. J’ai beaucoup aimé les visites médicales quotidiennes : la présence des auxiliaires de puériculture, des sage-femmes, des pédiatres m’a beaucoup apportée. Et même si je n’ai pas usé du « bipper » pour demander de l’aide, savoir que je pouvais demander de l’aide en tous instants me rassurait. Cerise sur le gâteau (qui est de circonstance, vu ce que je vais ajouter) : j’ai apprécié les repas fournis par la maternité et, de nouveau, je me trouvais étrange. On m’avait toujours dit que ce n’était pas bon, j’étais donc préparée à demander à mon chéri d’aller acheter le nécessaire à l’extérieur (et finalement, il n’y a pas eu besoin). Finalement, le séjour s’est terminé, très vite, trop vite à mon goût. Je l’ai clairement exprimée, j’aurais aimé rester plus longtemps. Mais voilà, d’un point de vue purement physique, rien ne justifiait que je reste à l’hôpital, à occuper une chambre de la maternité : mon bébé avait dépassé son poids de naissance (petite fierté qui me montrait que mon allaitement exclusif s’était bien mis en place) et mon état physique ne justifiait pas que je sois sous surveillance. En d’autres termes, physiquement, j’allais bien.
Et puis, ça se complique
Mais voilà, psychologiquement, alors que toutes les cases semblaient être cochées (accouchement respecté, corps qui se remettait bien, allaitement en route, bébé en bonne santé), moi, au fond de moi, je sombrais, sans explication. Dans la voiture à la sortie, j’ai pleuré. En rentrant à la maison, j’ai pleuré. Le soir, dans notre lit, j’ai pleuré. Là où tout était pensé et adapté pour nous à la maternité, je ne voyais que des contraintes et des obstacles à la maison. En disant cela, je pense notamment au fait que mon lit à la maison n’est pas médicalisé (ce qui est normal en soit, et je dirais même, ordinaire : c’est plus l’inverse qui serait exceptionnel). Mais c’est tous ces petits détails que j’ai détestés dans mon retour à la maison au départ. Tout me semblait douloureux, contraignant, non adapté pour une jeune maman. A la maternité, je n’avais à réfléchir à rien, j’étais dans un environnement neutre qui me rassurait. A la maison, j’étais incapable de faire quoi que ce soit, et je voyais la montagne de corvées s’accumuler (poussière, vaisselle, linge et j’en passe).
Être bien entourée durant le post-partum
Dans ces émotions teintées de négatif, je veux tout de même vous ajouter une touche de sucre, qui viendra distiller les émotions difficiles par lesquelles je suis passée. Je voudrais ici vous parler des personnes qui m’ont entourée durant mon post-partum. Et je commencerai par la personne la plus importante de mon post-partum : mon copain. Ça peut sembler cliché mais ça ne l’est pas et ça n’est pas pour dire que tout était parfait chez nous que je veux vous en parler. Non, si je vous en parle ici, c’est que, dans les difficultés du post-partum, on mesure l’importance de bien choisir son partenaire. Dans toutes les dimensions du retour à la maison, ça a été mon pilier (et ça l’est toujours, 1 an après la naissance de notre fille). Pour commencer, ça a été un véritable soutien émotionnel, une vraie doula au masculin (peut-être que tous les apprentissages dans lesquels on avait baigné pendant plusieurs mois y ont été pour quelque chose). Dans mon allaitement, il m’a soutenue, encouragée, il n’a jamais remis en question mon choix d’allaiter, même quand j’avais des crevasses profondes, même quand je pleurais en mettant ma fille au sein. D’un point de vue logistique, il a été incroyable et dans la gestion de la maison également. Si je devais choisir quelqu’un pour m’accompagner dans cette traversée, sans nul doute que je le choisirais de nouveau.
La présence des sage-femmes
Je parlerais aussi ici de mes sage-femmes que j’ai pu appeler en tous instants. Ça a été le soutien le plus réconfortant qui soit. J’avais besoin de pleurer, j’avais besoin de parler et savoir que je pouvais tout lâcher sans qu’on me questionne et qu’on me culpabilise dans mes ressentis était salvateur (toi-même tu sais que si tu appelles ta maman dans cet état-là, elle débarque à la maison dans les 30 minutes qui suivent). Je ne craignais pas de déranger, je ne craignais pas d’être jugée et je savais que je serai accueillie. Bref, mes sage-femmes ont aussi été mes doulas (et je leur ai dit).
J’arrête ici pour ces premières bribes de mon post-partum. Il y aurait encore tant à dire mais les mots sortiront quand le timing sera le bon.
Et toi, comment as-tu vécu ton post-partum immédiat ?
Si tu as envie de m’en parler, je me ferai une joie de te lire alors n’hésite pas à me contacter pour me partager ton vécu.